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mercredi 21 2015

Calais : les migrants aussi ont droit à leur jet privé.

Calais : les migrants aussi ont droit à leur jet privé

Selon Streetpress, l'État dépense 1,5 million d'euro par an pour transporter sous escorte policière les migrants du Nord vers le reste de la France.
Par Le Point.fr

AFP©PHILIPPE HUGUEN

On avait entendu parler d'« Air Cocaïne », du nom de ce trafic de drogue démantelé en République dominicaine en mars 2013, et qui utilisait les moyens de l'aviation d'affaires pour convoyer la marchandise. Voici désormais « Air Paf », un Beech 1900 utilisé par l'État apparemment pour désengorger Calais de ses centaines de migrants. Deux à trois fois par semaine, selon le site Streetpress qui révèle l'information, un avion affrété par l'État atterrit sur le tarmac de l'aérodrome de Calais. À l'intérieur, une dizaine d'agents de la Police aux frontières (Paf), venus chercher quelques migrants interpellés par les forces de l'ordre, et que l'on souhaite déplacer autre part en France. Problème : l'appareil contient 19 places en tout et pour tout. Et comme il faut deux policiers pour escorter chaque migrant, pas plus de cinq sans-papiers peuvent ainsi être déplacés. Une goutte d'eau donc.

VOIR aussi nos reportages vidéos au coeur du bidonville de Calais.

Et ce n'est pas tout. En effet, la facture de ce système ubuesque est exorbitante : 1,5 million par an pour louer le jet privé, et des dizaines de fonctionnaires mobilisés. Le tout pour une « efficacité nulle », selon Streetpress : la plupart des migrants déplacés à l'autre bout de la France sont par la suite libérés et ne sont pas expulsés du territoire : en cause selon le site, des erreurs de procédures. Certains reviennent donc à Calais par leurs propres moyens et tentent à nouveau la traversée vers l'Angleterre.
Des centaines de milliers d'euros jetés par les fenêtres

Dès lors, l'on peine à comprendre l'intérêt d'affréter un avion de ce type. Les associations crient évidemment au scandale, mais les policiers ne sont pas ravis non plus : « Ces mesures ont un coût énorme, explique à Streetpress Frédéric Hochart, porte-parole du syndicat Unsa pour la Paf de Calais. Et en plus, la plupart des personnes qu'on éloigne reviennent. Aujourd'hui, il y a un ras-le-bol généralisé des policiers de Calais quant aux missions qu'on leur assigne. » Le ministère de l'Intérieur n'a pas souhaité communiquer.





 Migrants - Calais : nos reportages au coeur du bidonville
VIDÉOS. Un migrant est mort dans la nuit de mardi à mercredi en tentant de rejoindre l'Angleterre depuis Calais. En avril, Le Point.fr s'était rendu sur place.
Par Pauline Tissot.
La ville de Calais est à nouveau au centre de l'actualité. Depuis quelques semaines, les migrants arrivaient pourtant dans la jungle du Nord-Pas-de-Calais sans que cela fasse beaucoup de bruit. D'avril à juillet, leur nombre a doublé, passant à 2 000 clandestins installés dans des tentes fragiles, déchirées. Un flot silencieux, continu, que les autorités ont choisi d'installer loin des regards, loin du centre-ville, vers une sortie d'autoroute.




Un migrant soudanais, qui tentait l'exil mardi dans la nuit vers la Grande-Bretagne, est la neuvième personne à décéder à Calais depuis le début du mois de juin. Ces morts remettent en lumière une ville qui fait face difficilement à l'afflux toujours plus important de migrants en quête d'une vie meilleure et aux tentatives inconscientes de passer par le tunnel sous la Manche. Quelque 1 500 tentatives d'intrusions ont ainsi été recensées dans la nuit de mardi à mercredi.

Calais, ville de l'éternel recommencement, ville d'accueil et de départ, où Le Point.fr vous propose de plonger avec quatre vidéos de reportage tournées en avril dernier, au coeur du bidonville, au plus près des migrants et de leur parcours.




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